Production de soie et essais de plantes médicinales sur le Plateau des Boloven, dans la province de Sékong.
Résumé
Le projet de développement rural du SFE consiste à aider des villageois vivant largement en économie de subsistance à acquérir des compétences et des capacités de production dans le secteur de la soie, en s’appuyant sur des savoirs locaux et avec des technologies adaptées aux régions rurales. L’objectif premier étant que les populations bénéficiaires puissent obtenir un revenu complémentaire grâce à la production et la vente de soie. Ce complément permet aux familles d’acheter du riz, des fournitures scolaires nécessaires aux enfants et d’avoir accès plus facilement aux soins de santé. Le deuxième objectif vise à valoriser la position de la femme lao, responsable de nombreuses tâches au sein de la famille. La production de soie étant essentiellement un travail féminin, elle lui permet d’acquérir un savoir et une certaine indépendance.
Projet
Ce projet, commencé en 2007, est actuellement dans sa seconde phase de 3 ans qui prendra fin en février 2013. Il est coordonné par Nathanaël Rediger, assisté depuis novembre 2011 par Célio Nelson. L’objectif est d’offrir la formation nécessaire pour le développement de la production de soie et de fil de soie dans cette province, dont le climat est favorable à la sériciculture. Actuellement, la plus grande partie de la soie tissée au Laos est importée, et la demande en soie locale de qualité est donc importante. Dans ce cadre, le projet dispose d’une ferme école et d’une douzaine d’employés laotiens, compétents pour former et assister les villageois à la création d’un jardin de mûriers, à la reproduction et à l’élevage des vers à soie et au dévidage des cocons. Pour chaque famille, le SFE fournit les équipements nécessaires tels que les fils barbelés pour délimiter les jardins de mûriers, les boutures de mûriers, un appui matériel pour la construction des maisons d’élevage. En contre partie la famille fournit la main d’œuvre. Par ailleurs, elle est assujettie à divers prélèvements pour assurer la pérennité de son outil de travail (fonds d’entretien). Depuis le début du projet, le SFE a formé 223 familles dans 24 villages. Il tente maintenant de les rendre indépendantes en assurant un suivi quotidien et individualisé, et en formant les responsables des 6 groupements de producteurs existants. D’autre part depuis 2010, le SFE a conduit à petite échelle des essais d’artémisia annua et de moringa oleifera. L’artémisia est connue pour lutter contre la malaria et le moringa contre la malnutrition. Faute de débouchés commerciaux, la culture d’artémisia n’a pas été étendue aux villageois.
Nouvelles de 2011
2011 a été une année très intense avec 50 nouvelles familles à former et à équiper. Les nouvelles familles sont sélectionnées selon certains critères tels que détenir un terrain de 1 rai minimum (1600 m2), à moins de 2 km de la maison d’habitation et avoir au moins 2 personnes disponibles dans la famille pour effectuer ce travail. Pour chaque famille sélectionnée, le SFE met en place un jardin de mûriers. La famille doit préparer le terrain en le nettoyant complètement et en préparant une clôture de piquets, sur laquelle on fixera les barbelés fournis par le SFE. Cette clôture est nécessaire pour protéger le jardin des nombreux animaux qui se promènent en liberté. Ensuite, la famille reçoit 1500 boutures de mûriers qui ont été bouturés et entretenus à la ferme-école pendant 6 mois. Une fois le jardin de mûriers terminé, une équipe de construction intervient pour construire une maison d’élevage. Elle devient le lieu de toutes les attentions puisque c’est dans cette cabane de 16 m2 que les vers à soie sont élevés. Ce lieu doit donc être propre, nettoyé et désinfecté régulièrement après chaque élevage, pour limiter la propagation de maladies. Chaque famille reçoit tous les équipements nécessaires à l’élevage ainsi qu’une dévideuse, fabriquée à la ferme. Cette machine servira à l’extraction de la soie grège des cocons. A la fin de la saison des pluies (début octobre), les mûriers ont assez de feuilles pour que le SFE puisse débuter la formation d’élevage des vers à soie. Des techniciens forment les familles, par petits groupes et dans leurs villages respectifs. Chaque famille peut élever entre 10 000 à 20 000 vers par cycle et faire 6 cycles par an. En l’espace de 3 semaines, après avoir mué 4 fois, ces petits vers ont dévoré pas moins de 350 kg de feuilles de mûriers. Au terme de ces 3 semaines, les vers arrêtent de manger pour commencer à former leur chrysalide, qui après 3 jours, donne le cocon de soie. Suivant les variétés (traditionnelle ou hybride), la chenille aura formé un fil de soie de 600 à 1200 m. Le SFE intervient aussi dans la formation au dévidage (extraction du fil de soie). Il existe plusieurs techniques : une version manuelle utilisée pour les cocons traditionnels et une version semi mécanique utilisée pour les variétés améliorées. Cette dernière se fait grâce à la dévideuse fournie par le SFE. Le cocon est composé de 3 parties ayant des qualités différentes. Les familles sont formées aux différentes techniques de dévidage et choisissent quelles qualités de fil elles veulent produire. Bien entendu les prix varient aussi (de 20 $ à 150 $ / kg). Plus le prix est élevé, plus le fil doit être fin, de qualité et demande de la main d’œuvre. En général une famille peut produire 1,5 à 3 kg de soie grège par cycle à un prix moyen de 25 $ / kg. Ce complément de revenu peut aider considérablement une famille car le revenu annuel moyen d’une famille dans cette région est de 300 $ à 600 $. La famille peut aussi décider de vendre les cocons (3 $/ kg sachant qu’avec 20 kg de cocons hybrides, on peut obtenir 3 kg de fils de soie grège en moyenne), ou encore les chrysalides, les feuilles de mûriers, les mûres, les déjections de vers à soie, soit encore 30 à 50 $ supplémentaires. Finalement, une famille peut gagner jusqu’à 125 $ par cycle si elle travaille très bien. En marge de cela, le SFE assure un suivi quasi quotidien des familles et dispense d’autres formations (bouturage, taille, désinfection, reproduction, …). Le but est de pouvoir rendre les familles indépendantes et le projet pérenne après le retrait du SFE. Dans cette optique des groupements de producteurs ont été mis en place pour que les producteurs puissent s’organiser entre eux pour acheter les différents intrants et pour vendre leurs produits. En effet, la soie du Laos est très demandée, car c’est une soie traditionnelle et de bonne qualité. Les acheteurs sont de plus en plus nombreux et les prix augmentent. Arriver à ce résultat demande un long processus de suivi, de formation. Cela prend du temps et demande beaucoup de persévérance, car les membres des familles n’ont pas tous été scolarisés et ne parlent pas toujours le lao (ces familles issues de pas moins de 5 ethnies différentes).